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Gustave Toursier : "cet homme de cœur qui a fait la besogne écrasante d'un homme de fer"
31 juillet 2011

Biographie de Gustave Toursier : A l'origine, une vieille famille...

À L'ORIGINE, UNE VIEILLE FAMILLE RHODANIENNE

 

DSCF2134

La remonte

Musée Rhodanien, Tournon

 

Assez vraisemblablement, la famille Toursier était une famille de mariniers. Gustave y fait parfois allusion, et son attachement à Serrières est lié à cette histoire. Par exemple, dans son ébauche d'histoire de l'UGR, il dit, en parlant de lui, qu'il est «né au bord du Rhône dans une puissante ambiance de la navigation».
Traditionnellement, les villes en aval de Lyon étaient fortement tournées vers le fleuve, et Condrieux ou Serrières ont gardé des traces de cet attachement (croix d'équipage...). Dès 1909, Serrières avait son Musée des Mariniers du Rhône, transféré en 1939 dans l'ancienne église Saint-Sornin. Les mariniers étaient des gens fiers de leur appartenance à ce monde de Seigneurs qu'était la batellerie sur le Rhône, et que Bernard Clavel a si bien décrite dans son «Seigneur du fleuve» (ed Robert Laffont).
Un équipage comportait des marins capables de diriger une péniche, à la descente du Rhône (la «Décize»). Ce n'était pas chose facile, n'en déplaise au capitaine Haddock : les marins d'eau douce étaient des hommes, des vrais. Manœuvrer à la harpie1 une péniche de plusieurs dizaines de tonnes dans les flots impétueux du Rhône, entre les bancs de sable, les rochers affleurant - comme la «table du roi» à Gervans - et les piles de pont, n'était pas un jeu d'enfant. Il fallait tout le savoir-faire du Maître d'équipage et la cohésion d'une équipe pour maintenir la péniche dans sa trajectoire, éviter l'échouage sur les hauts fonds ou la collision avec les obstacles. Obstacle majeur : les câbles de trail. Entre les deux rives du fleuve, un câble était tendu pour permettre l'accrochage du «trail», la barque des passeurs. Généralement, on passait ce câble au dessus du bateau à l'aide de la harpie. Il fallait faire vite car le bateau, entraîné par le courant, n'attendait pas, ne pouvait pas attendre. Les accidents étaient nombreux, et amenaient souvent à l'arrachement des piquets de trail.


Arrivées à Beaucaire, les péniches repartaient pour la «remonte». Un équipage comportait le plus souvent trois à cinq péniches. Tirées par un attelage pouvant compter jusqu'à quatre-vingt chevaux, elles remontaient le Rhône jusqu'à Lyon, parfois plus haut. L'équipage, outre ses capacités de marins, devait savoir gérer son cheptel de chevaux de trait, mais aussi éviter les nombreux objets charriés par le Rhône en période de crue : troncs d'arbre, madriers arrachés à des constructions humaines...
Pour certains passage difficiles, les trains de bateaux pouvaient être décalommés2 pour éviter que les chevaux ne fussent emportés avec les bateaux...
L'ère moderne, avec l'apparition des premiers vapeurs, a vu la taille des équipages se réduire significativement. cinq ou six hommes suffisaient à conduire le bateau, il n'y avait plus de chevaux à nourrir.... Le travail n'était pas simple pour autant. En charge, les bateaux avaient un fort déplacement, il fallait se méfier des hauts fonds, il fallait abaisser les grandes cheminées au passage des ponts, jouer avec le courant à la remonte pour compenser la faible puissance des lourds moteurs à vapeurs.


Les «vapeurs» eux-mêmes ont disparu progressivement à la fin du XIXème siècle, du fait de la perte progressive de navigabilité du Rhône, due au «colmatage». Monsieur Ponnet, ancien marinier, ancien maire de Chanaz, expliquait aux Journées pour l'aménagement du Rhône, en 1931, que les premiers aménagements du Rhône avaient eu pour conséquence une remontée du fond du fleuve, encombré par les boues charriées par le Rhône. C'est ce que les hydrologues appellent le colmatage. Mais l'histoire nous montre que le phénomène est très ancien, puisqu'il est à l'origine des Lônes, ces bras morts du Rhône. Il faut bien se rendre compte qu'en une section donnée, le Rhône charrie suivant les saisons, entre 300 kg et 2 tonnes de boues par seconde ! Ces boues se déposent là où le courant est plus faible, moins turbulent, donc en particulier.... dans le chenal prévu pour la navigation. Quand le fond est trop remonté, le Rhône finit par se tailler un nouvel itinéraire, pour peu que les hommes ne l'en empêchent pas.

DSCF2090

La remonte

Musée des Mariniers

Serrières

En résumé, la vapeur a tué les équipages traditionnels, le colmatage a tué la vapeur. Ainsi, la navigation sur le Rhône s'est étiolée au XIXème siècle, et elle avait quasiment disparu au début du XXème siècle. On ne s'étonnera donc pas que le père de Gustave, Félix Toursier, fils d'un Marinier, peut-être élevé dans l'esprit d'un chef d'entreprise ait très tôt imaginé une activité plus pérenne que celle de son père !

Suite dans la biographie de Gustave Toursier, aux éditions Lacour-Ollé.

ISBN : 978-2-7504-2724-5

 

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Commentaires
Gustave Toursier : "cet homme de cœur qui a fait la besogne écrasante d'un homme de fer"
  • Ayant à ma disposition les archives personnelles de Gustave Toursier, créateur de l'Union Générale des Rhôdaniens, du Musée du Rhône, des Fêtes du Rhône, des Congrès Rhodaniens, je souhaite faire connaître ce grand personnage, intéressant et désintéressé.
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