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Gustave Toursier : "cet homme de cœur qui a fait la besogne écrasante d'un homme de fer"

25 juin 2017

A la recherche des ayants droits du sculpteur Léopold Renard

Pour le 150ème aniversaire de la naissance de Gustave Toursier, je souhaite faire couler une plaque à son effigie.

gustave Toursier BasRelief

Léopold Louis Celestin Léon Renard (1868/31-10-1945) étant décédé en 1945, ses œuvres sont tombées dans le domaine public depuis 2015. Cependant, je tiens à contacter les ayant-droit du sculpteur avant toute réalisation. Je n'ai pas trouvé de données sur son frère Auguste Renard, lui-même sculpteur.

Si quelqu'un tombe sur ce blog et connaît des membres de sa famille, je lui demande de bien vouloir les prier de me contacter par le biais de ce blog.

 

Merci !

 

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25 juin 2017

Musée des Mariniers, à Serrières

Merci encore au Musée des Mariniers pour sa sympatique inviation.

L'assemblée était peu nombreuse, nous l'avons tous regretté. Mais il n'y avait là que des passionnés de culture et d'histoire. Quand le conférencier demande au public, "c'est bien ça, je ne me trope pas ?" c'est qu'il est franchement nul -je ne crois pas que ce soit le cas, sinon, j'aurais refusé leur invitation- mais que le public est fantastique !

 

2017 06 24

 

 

 

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17 avril 2015

Roman : le feu aux fesses !

Voici les premières lignes du Roman que je souhaiterais publier. Roman dans lequel je m'éclate avec ma démesure habituelle. Si vous êtes éditeur et si cela vous plaît, contactez moi !

 

R fin du monde couv

 

 

ADRESSES

 

Je demande pardon à tous les Français et autres Européens, et à tous ceux que j'ai carbonisés dans ce roman. Je demande pardon à la population d'Axat, pour avoir laissé une secte envahir son village.

Je remercie Gustave Toursier, mon épouse et mes enfants, sans lesquels ce roman n'aurait jamais été écrit.

AVERTISSEMENT

Toute ressemblance avec des lieux, des personnages existants ou ayant vraiment existé me ferait très plaisir : elle montrerait que j'ai su créer des lieux et des personnages crédibles. Car les personnages et les situations de ce récit étant fictifs, de telles ressemblances ne saurait être que fortuites.

 

 

 

 

 

 

1 Ouverture du Journal

 

God gave Noah the rainbow sign

No more water but fire next time

Pharao's army got drownded

oh Mary, don't you weep

 

 

8 février 2018

Quelques mots avant d'entamer ce journal.

 

Le choc est violent. Si je veux ne pas sombrer dans la folie, il faut que je sois très exigeant envers moi-même. Que je m'astreigne à une discipline dure et structurante. J'ai envie de cogner, de hurler des grossièretés. J'ai surtout envie de tout laisser tomber et de me laisser mourir. Eh bien non Je m'y refuse. En mémoire de mes enfants, de mon épouse, de mes parents, de mes amis, tous disparus au même moment, je vais essayer de vivre debout. Pour leur rendre le plus bel hommage qui soit : rester vivant en leur nom. Et je vais m'astreindre à écrire dans le meilleur français possible, chaque jour, entre vingt-et-une heures et vingt-deux heures, pour rendre compte de ce que je vis. Je refuse de me plaindre dans ce récit. La souffrance est terrible, inimaginable : en parler n'y changera rien. Je vis, je suis peut-être le seul homme vivant sur notre Terre. Je me dois d'être fort au nom de sept milliards de disparus. Et puis, à travers ce journal, je veux appliquer la méthode Coué, pour retrouver le goût de vivre, pour essayer de les faire vivre en moi.

J'ai toujours trouvé ridicule l'idée d'écrire un journal intime. À quoi bon dire à un morceau de papier ce qu'on n'ose pas dire à nos contemporains ? S'il y a un autre survivant, si un jour il tombe là-dessus, il en saura probablement plus sur la catastrophe d'avant-hier que ce que j'en sais aujourd'hui. 

Mais aujourd'hui, je suis seul. Totalement seul. Je n'ai vu aucun être vivant, à l'exception d'un capricorne, depuis deux jours. Et je veux laisser témoignage de ma «petite mésaventure». Pour partager mon expérience avec d'éventuels survivants. Je m'adresse à vous, qui que vous soyez, qui me lirez demain. Vous dont j'ignore si vous existez, vous allez m'aider. Seule l'idée que vous ayez survécu, que je vous rencontrerai un jour, m'aidera à avancer. Donc je vais m'adresser à vous.

Je m'appelle Jacques, j'ai trente-cinq ans. Il y a dix ans, je me suis marié avec Lætitia, jeune femme à la fois douce, énergique et originale, qui m'a donné quatre beaux enfants. Nous avons eu un vie plutôt facile : mon salaire d'ingénieur nous suffisait amplement, nos enfants nous donnaient de nombreuses joies et de petits soucis sans gravité... Ecrire ces quelques mots m'arrache un torrent de larmes. Stop.

(...)

Avec quelques verres bien tassés, je vais essayer de rendre un dernier hommage à Lætitia et à nos petits...

Lætitia, ma moitié. Elle a su me faire vite comprendre que un plus un égale trois, et plus encore. Un plus un, dans le contexte de l'Amour, égale elle et moi et notre couple plus notre famille et tous les amis qu'elle m'a offerts et encore tous ceux que je lui ai offerts. Quand elle se serre contre moi, je me sens parfois petit garçon dans les bras de sa mère, père enlaçant sa petite fille, jeune homme assoiffé d'une chaste tendresse ou mâle avide de désir sexuel. Elle est d'un dynamisme incroyable. A trente-trois ans, elle a déjà eu quatre enfants, trois métiers différents chez deux employeurs et deux diplômes universitaires. Elle est d'une tendresse inimaginable, capable de passer instantanément de la colère la plus noire à l'attention la plus délicate.

Hugo, notre aîné. Il devait atteindre ses neuf ans en ce début d'année. Un garçon calme et original, qui pratiquait un humour déjà fin. A l'âge de quatre ans, je lui avais demandé d'aller remplir le pichet d'eau. Il était revenu avec un sourire espiègle... Il avait mis une poignée de sel dans l'eau pour nous faire une farce !

Amélie, l'intellectuelle. J'ai découvert la semaine dernière qu'à moins de huit ans, elle avait enseigné la lecture à sa petite sœur de quatre ans ! Elle lit déjà des romans à un âge où la plupart des enfants sont à peine capables de lire des bandes dessinées.

Yohann le Terrible. Tendre avec ses parents, bagarreur pugnace et intrépide partout ailleurs. Du haut de ses six ans bien tassés, il n'hésite pas à provoquer les «grands» de CM2. Intelligent et aussi vif avec son corps qu'avec sa tête, il échappe facilement à leurs représailles.

Océane vient d'avoir quatre ans. Elle est câline et impressionnante de vivacité, elle aussi. Comme je le disais, elle sait déjà lire. Ni Lætitia ni moi-même n'avons rien fait pour ça. Ça s'est passé entre elle et sa grande sœur. Petit miracle de la «méthode Nounours» et de la manière dont j'ai enseigné la lecture, sans en avoir l'air, à sa grande sœur.

Pour écrire ces quelques lignes, il m'a fallu plus de deux heures. Trop de larmes dans les yeux pour voir le papier. Lætitia, Hugo, Amélie, Yohann, Océane, je vous aime et je ne sais plus quoi dire. J'espère que nous nous retrouverons dans un monde meilleur. Parler de vous ne fait que raviver la douleur et m'affaiblir. D'où vous êtes, aidez moi ! Donnez moi la force de vivre !

Quand tout sera cicatrisé, peut-être trouverai-je la force de raconter ce que fut notre vie de famille, ce formidable bonheur qui a sombré dans l'horreur totale en quelques minutes. D'ici-là, je ne vais parler dans ce cahier que du présent et de l'avenir. Et du passé le plus récent, celui qui éclaire notre horrible présent.

 (...)

 Le passé n'est plus. Revenons sereinement, si possible, à l'histoire de ces trois derniers jours.

L'un de mes hobbies : observer le soleil, sur internet, grâce aux images du satellite SOHO. Lundi matin, j'y ai vu un spectacle que j'ai alors trouvé magnifique. La plus belle des éruptions solaires jamais filmées par SOHO. Sur l'image «Lasco C3», dont le champ représente plus de dix millions de kilomètres, cette explosion a projeté une masse de matière énorme, qui est resté lumineuse, émettrice d'ultraviolets lointains, jusqu’au-delà de la limite du champ de la caméra. C'était féerique.

Mais mon premier hobby, c'est m'occuper d'adolescents. Virus refilé par Michel, qui a monté un centre de loisirs dans les Pyrénées, dans la ferme Deyras : l'Association Ader. J'ai fait là-bas un stage de deux semaines et j'ai appris à me connaître, j'ai compris ce qui, il y a vingt ans, me faisait souffrir. J'ai découvert qu'avec mon image de trentenaire bien dans sa peau, bien dans la vie, je pouvais, par mon témoignage et un travail de mise en situation assez délicat, venir en aide à un grand nombre de jeunes qui vivent aujourd'hui, chacun à sa manière, ce que j'ai vécu hier.

 J'ai eu une enfance heureuse et une adolescence normale. Normale, ce qui n'exclut pas les souffrances, bien au contraire ! Pour moi, comme pour beaucoup, l'adolescence fut le temps des remises en causes, totales et violentes, le temps des doutes et de la fragilité. Questions existentielles ou dérisoires me taraudaient : mes parents m'aiment-ils ? Mon père, qui avait travaillé pour la Défense Nationale chez Crouzet, ne serait-il pas une taupe communiste ? Ne serais-je pas «pédé» ? Cette dernière question me pesait. Dans les vestiaires, après le rugby, je voyais mes copains, nus, et n'osait pas les regarder. Je les trouvais attirants. Je ne voyais jamais de fille nue, je ne savais pas encore que j'éprouverai plus tard plus de joie à voir une femme nue, la mienne, que n'importe lequel de ces beaux mecs. Plus ou moins consciemment, je me croyais homo, mais n'osais en parler à personne : c'était tabou. Tellement tabou que je n'en ai pas même parlé à «Tatane», garçon stylé et très sympa, qui se disait ouvertement homosexuel et m'a dragué discrètement mais de manière très explicite.

On nous a souvent présenté l’homosexualité comme un choix, une «orientation» sexuelle. Je suis aujourd'hui convaincu de l'impertinence de cette idée.

A l'adolescence, on n'est pas libre. Le tabou qui m'a fait souffrir à seize ans m'a protégé contre ce prétendu «choix» qui m'aurait fait encore plus souffrir à l'âge adulte. J'ai eu une vie sexuelle et affective épanouie grâce à une femme. Mais si je m'étais orienté, à seize ans, vers l'homosexualité, j'en serai revenu, c'est certain. Et j'aurai eu honte de l'avoir fait. J'en souffrirais encore. Ce n'est pas une conviction : c'est une certitude. Car j'ai rencontré depuis, au cours des stages de Deyras, un garçon d'une vingtaine d'années qui, ayant connu la même situation, avait eu des relations sexuelles avec un ami. Il le regrettait, et en souffrait profondément.

Lors d'un stage chez Michel, j'ai découvert énormément de choses comme celle-là, et c'est pour ça que je crois vraiment que j'ai appris à me connaître. Plus tard, j'ai assisté Michel dans l'organisation de quelques stages. J'ai vu comment je pouvais moi aussi susciter les échanges entre jeunes, comment les plonger dans une ambiance qui aide à la naissance de la confiance, de l'amitié profonde. J'ai vu un grand costaud aux allures d’australopithèque pleurer comme une madeleine, mais pleurer de joie, d'avoir pu se confier à de vrais amis ; j'ai entendu une jeune fille nous parler de son avortement et de la relation qu'elle garde avec son bébé du Ciel... J'ai vu comment faire naître l'amitié entre des gens qui n'y croient plus, et comment ils se font mutuellement grandir dans la profondeur de leurs rencontres.

 Michel fait un travail remarquable. Mais «la moisson est abondante» et les ouvriers peu nombreux. Alors, à mon tour, j'organise des sorties pour les ados de la région, afin de leur donner l'occasion de se découvrir et de créer des liens puissants avec d'autres jeunes. Pour créer ces liens, rien de mieux que l'effort partagé dans un milieu à la fois hostile et beau : la montagne, et la spéléologie en particulier. Nous avons, à moins de vingt kilomètres de la maison, près de la ferme Deyras, une grotte, nommée les Gabarès, d'un niveau technique facile. En dehors du casque, de la lampe et de la combinaison, aucun équipement n'est indispensable dès lors qu'on est au moins trois. Mais pour le néophyte, c'est une vraie grotte : le noir total, que nous leur faisons découvrir en éteignant nos lampes frontales, quelques parois verticales sous nos pieds, des stalactites et des stalagmites, des petits lacs souterrains, des boyaux étroits, des passages techniquement difficiles que nous surmontons, sans utiliser notre matériel, par la solidarité de groupe...

Pour la première fois de l'année, en ce début février, je devais accompagner un groupe de huit garçons de quinze à dix-sept ans, sans autre encadrant. Huit garçons, pas de fille. Ils y tenaient fortement. Ils ont entendu parler de mes sorties de jeunes, ils veulent voir de quoi il s'agit. Le côté sportivo-philosophique - à moins que ce ne soit philosophico-sportif - leur plaît, et ils veulent pouvoir se confier les uns aux autres, entre copains, sans la gêne que, à leurs yeux, créerait la présence de filles. Et ils voulaient, en plus, passer la nuit dans la grotte. J'ai accepté avec la promesse que, plus tard, on recommence l'expérience, mais en présence de leurs copines. 

J'organise ces sorties en toute illégalité : je n'ai aucun diplôme, ils sont mineurs. Il me faudrait le BAFA pour encadrer des mineurs, un Diplôme dÉtat pour les emmener en spéléo. Je n'ai vraiment pas droit à l'erreur. C'est pour ça que, mardi dernier, je suis venu aux Gabarès, pour y passer trois jours et deux nuits. Je voulais connaître, outre les itinéraires habituels, tous les pièges liés aux nombreux passages non explorés que l'on croise en chemin. D'autant que ces garçons m'ont semblé un peu remuant, et que la qualité de la préparation en est d'autant plus importante pour la sécurité. Je voulais connaître les éventuels problèmes liés à un long séjour sous terre, pour y être préparé en cas d'accident. Je voulais être, aux Gabarès, aussi à l'aise que dans ma maison.

Il y a trois entrées. Une située plus haut, par laquelle je préfère sortir. En bas, la «petite» entrée est à peine plus grosse que ma tête. Les néophytes sont toujours émerveillés d'être passés dans trou aussi étroit. Cette fois-ci, j'ai choisi la «grande» entrée - quarante centimètres de haut sur moins d'un mètre de large - plus simple, avec mon sac à dos rempli de matériel. Après cette entrée se trouve la «salle des blocs». Je l'ai nommée ainsi car elle est encombrée de cinq ou six blocs d'une centaine de mètres cubes chacun, en forme de grandes plaques d'environ deux mètres d'épaisseur, tombées d'un plafond déjà bien bas. Le résultat : dans une grande salle d'un mètre cinquante de hauteur moyenne, on doit tantôt ramper sous ces rochers, tantôt marcher dessus, souvent à quatre pattes ou en rampant. Sous l'un des blocs, j'avais repéré une fente large descendant en forte pente. Je m'y engage, et une dizaine de mètres plus bas, je tombe sur une petite cavité en forme de tente canadienne, traversée par un ruisseau souterrain. Celui-ci sort d'une mince fissure dans le rocher et disparaît dans une faille équivalente, de l'autre côté de la salle. L'endroit est sympa, nous y viendrons. Rien de dangereux pour mes ados, mais un problème technique : pour remonter, il faut se mettre en opposition, deux pieds sur une paroi, le dos sur la paroi opposée. C'est facile quand on est calme, mais pour un mec angoissé, ça peut devenir impossible. Donc, penser à placer une corde avant de descendre.

A propos d'angoisse : la montagne grogne. Sans doute un tremblement de terre. Ici, ils sont nombreux, rarement violents, mais les sons sourds qu'ils engendrent m'ont toujours angoissé, que ce soit à la maison ou au travail. Je ne sens rien de clair, mais j'entends ce son sourd, tellement grave qu'il est presque inaudible.... Je le sens, dans ma cage thoracique, dans l'arrière de mon crâne, derrière mes épaules plus que je ne l'entends. L'impression, pas nouvelle, est très désagréable. Je sens monter en moi une énorme bouffée de chaleur, que j'attribue à la réaction de mon corps, face à cet événement inhabituel vécu plus de trente mètres sous la surface.

 Je remonte donc en salle des blocs puis me dirige vers la salle du «grand lac», où se trouve une petite mare d'environ cent mètres carrés, à peine profonde d'un mètre en son centre. La sensation de chaleur vécue précédemment est encore là. Je me dessape et, nu comme une vérité infantile, à la lumière de la lampe frontale posée sur mes habits, je me trempe avec délectation dans cette eau habituellement glaciale, mais qui, aujourd'hui, me semble agréablement fraîche. 

 L'exploration continue. Je visite ainsi une dizaine de petites salles sans grand intérêt. Une seule présente un danger majeur, une fente verticale large, profonde, et aux bords glissants. Il faudra que je veille à ce que mes ados, lors de la visite, ne s'y aventurent pas. J'y descends, accroché à ma corde, sur plus de vingt mètres. Je n'aurai pas assez d'équipement, nous n'irons pas ici. Je remonte de manière peu académique, quasiment à l'horizontale, les pieds contre la paroi, et grimpant à la force des bras. Si mes formateurs me voyaient, ils m'incendieraient. Et ils auraient raison. J'arrive en haut avec les biceps à la limite de la tétanie.

 Je m'installe pour mon premier bivouac, à la «salle de la vierge», ainsi nommée à cause d'une cavité en hauteur qui fait vaguement penser à celle de la Grotte Massabielle. Cette grotte aujourd’hui mondialement connue se trouve à Lourdes. C'est là que la jeune Bernadette Soubirous disait avoir vu La Sainte Vierge.

Dans la «salle de la vierge» des Gabarès, l'acoustique est agréable. Souvent, quand nous y passons avec nos amis, nous nous y installons pour chanter dans le noir total. L'avantage de cette cavité : le ruissellement de l'eau n'y arrive guère, le sol y est presque sec. L'endroit idéal pour passer la nuit. Il n'est que six heures du soir mais je commence à casser la croûte. A nouveau, la montagne frémit dans un son de gros rouleau compresseur. Même sensation angoissante, même bouffée de chaleur, quoique moins intense. Situation stressante mais que mon intellect surmonte : les petits tremblements de terre si fréquents en Bigorre n'ont à peu près jamais de conséquence dans nos grottes. Je n'en avais jamais senti depuis l'intérieur de la montagne. Donc Mon «néo-cortex» refuse le message d'alerte probablement importun que m'envoie mon cerveau «limbique». 

J'ai l'habitude de lutter ainsi efficacement contre ma peur. De tempérament plutôt craintif, presque trouillard, j'ai appris, grâce à mon Père d'abord, puis grâce à Michel, à surmonter cette peur chronique en analysant le danger, en refusant à priori de reculer face à ce danger, et en cherchant comment avancer en le contournant ou en le dominant. «Le vrai courage, c'est de savoir dominer sa peur disait Panoramix, dans Astérix et les Normands». C'est un peu mon hygiène mentale.

 La nuit fut difficile : dormir au fond d'un gouffre, ce n'est pas habituel. L'angoisse des profondeurs, les deux bruits de tremblements de terre, l'inconfort se liguent contre le sommeil qui finit par s'imposer avec des cauchemars trop habituels. Je me souviens encore du dernier, au thème récurrent : je suis dans Valence, je veux rentrer chez mes parents, dans la montagne à l'ouest de la ville, mais je ne sais plus sortir de cette ville qui, pour l'occasion, est une ville de montagne avec des partie hautes et des parties basses, des sens interdits nouveaux...

 Le deuxième jour ressemble au premier : exploration de salles nouvelles, établissement de croquis en perspective pour les fixer dans ma mémoire, journée ponctuée de plusieurs tremblements de terre, chaque fois associés à cette étrange sensation de chaleur. Le dernier casse croûte, avant un bivouac volontairement installé dans l'inconfort d'un sol boueux, suivi d'une nuit agitée mais pourtant réparatrice.

 «Il ressuscita le troisième jour». Cette phrase de notre credo de Chrétiens s'impose à moi dès mon réveil. Nous sommes jeudi, troisième jour de ma présence dans les «Gabarès». Ce midi, après mes dernières explorations, je vais ressortir de la grotte, comme un bébé sort du ventre de sa mère. Une nouvelle naissance après une expérience de vie nocturne. L'idée me prend : et si je sortais nu, tel le bébé ? Après tout, l'entrée de la grotte, en pleine forêt, n'est pas un lieu fréquenté, si ce n'est des spéléologues. Et en semaine, les spéléos sont au boulot, les vacances de février ne commencent que la semaine prochaine... Dans la grotte, il fait plutôt doux, plus chaud qu'à l'extérieur. Je sais déjà que le froid me saisira à l'extérieur, comme il m'a probablement saisi le jour de ma naissance.

 Vers midi, je prends le «boyau» étroit qui mène à la sortie. Dernier coude. La galerie tourne à droite à quelques mètres devant moi, ensuite la lumière sera visible au loin. A ma gauche, il y a la «dentelle». Il s'agit d'un entrelacs de stalactites et de stalagmites, généralement en forme de rubans fins dont l'inclinaison très variable témoigne de l'amplitude des mouvements tectoniques passés. Je descends dans la dentelle pour découvrir une salle étrange, aux parois creusées comme par des outils. Il s'agit probablement de traces d'une rivière souterraine aujourd'hui disparue. C'est beau, comment ai-je pu passer à côté d'une telle beauté pendant dix ans, chaque mois, sans m'en rendre compte ? J'explore cette salle avec un maximum de précision car je suis bien décidé à y emmener mes jeunes. Nous prendrons une lampe à carbure. Dans cette salle, en mettant la flamme éclatante dans la dentelle, ça va être féerique ! Avant de sortir, j'explore à nouveau les moindres recoins. Je veux être certain de l'absence de tout risque pour eux.

 Je remonte au boyau, et me déshabille totalement pour cette «résurrection». Je pousse devant moi mon sac bien rempli, je ne garde aux pieds que mes bottes, indispensables pour accrocher à la glaise du sol. Je monte dans le boyau en pente douce et m'approche de la sortie.

 Mais passé le coude, ça va mal. Malgré la lueur du jour qui commence à éclairer le boyau, l'angoisse monte, fulgurante, intense, irrésistible. J'ai envie de vomir, de pleurer, je ne sais pas encore pourquoi. J'ai très chaud et je crois que cette sensation de chaleur est due à cette angoisse intense. Angoisse incompréhensible.

 Une fois dehors, je suis atterré. Je me retrouve au milieu d'une montagne calcinée. Il fait très chaud, plus de quarante degrés probablement. Plus une seule trace de verdure. L'incendie qui a brûlé ici n'a rien laissé de vert. Ni mousse, ni herbe. Aussi loin que porte mon regard, entre les troncs calcinés, il n'y a que du noir. Rien ne fume, mais cette chaleur est incroyable, alors que l'hiver n'est pas terminé.

 Je me rhabille sans y penser et dévale la pente jusqu'à la route. L'incendie est passé ici aussi. Ma belle voiture rouge est maintenant marron, tout est carbonisé. Je n'essaye même pas de récupérer mon portable, il est inévitablement fondu. Bêtement, j'ai alors pensé «heureusement que je suis bien assuré». Si j'avais su...

 Il va falloir rentrer à pieds. Trois kilomètres de petites routes très peu fréquentées, un ou deux kilomètres sur la piste qui va de Saint-Pé à Peyrouse, rive gauche, où il passe au maximum trois voitures par jour, les jours de foire, et enfin Saint-Pé, où je pourrai faire du stop.

 Je chemine sur ce qui reste de la route, dans cette forêt calcinée. Il me tarde d'arriver aux premières prairies, celles d'une amie surnommée «la Blanche». Ce surnom vient de sa magnifique chevelure blanche, digne d'une vieille dame, malgré ses cinquante ans. Une cuisinière hors pair, spécialiste de la Poule au pot et de toutes les variations tournant autour du canard gras. Son petit élevage d'une vingtaine de volailles était décimé, comme tout les ans, après qu'elle eut fini gavage et sacrifice des bêtes sacrées. 

Bientôt arrivé, donc. Malgré la fatigue, je me mets à courir, pour fuir ce paysage infernal. Mais une fois arrivé au-dessus de chez «la Blanche», l'enfer explose. Et ce n'est rien de le dire. Le Diable s'est éclaté, aujourd'hui !

 Un incendie, dans une forêt, ça se comprend. Celui-là m'avait semblé particulièrement violent, lui qui n'avait laissé nulle part la moindre trace de verdure. 

Mais la ferme de la Blanche est à la limite de la forêt. Entre la vieille bâtisse et le gave, je vois des prairies que j'ai connues toujours fraîches, même en plein été, du fait de l'ombre des montagnes et de la proximité du gave de Pau. Et toujours vertes, même en hiver. Aujourd'hui ces prairies, comme la ferme, comme le paysage de l'autre côté du gave, comme tous les paysages visibles, sont carbonisées. D'ici, sorti de la forêt, mais encore au-dessus du fond de vallée, je vois loin. Il est évident que tout a été brûlé par une source extérieure, capable de brûler l'herbe verte et de faire fondre la neige sur les montagnes. Et la zone concernée est gigantesque. Je suppose aujourd'hui, en écrivant ces lignes, que le magnifique spectacle observé sur SOHO n'était que l'annonce de la plus grande catastrophe que la Terre ait connue. Le Soleil nous a grillés comme le feu des «Chauffeurs» de la Drôme cuisait les pieds des riches paysans qu'ils torturaient.

 C'est horrible. Je pense à mes enfants, à Lætitia. Fini. Là-bas, en direction de Pau, tout est brûlé. Là, dans ma montagne, les larmes ne viennent pas, non. C'est une tonne de béton qui s'appuie sur mes épaules. Je suis anéanti. Ecrire ce que j'ai ressenti à cet instant est impossible, trop douloureux. 

 (...)

J'entre dans la ferme. Malgré le hourdis, tout est carbonisé à l'intérieur. Je n'attarde pas mon regard sur ces formes presqu'humaines que je préfère oublier. La Blanche ? sa fille ? un visiteur ? un gros sac oublié ici ?

 Je vole quelques pots de foie gras encore baignant dans le stérilisateur. J'en bourre mon sac. Non que j'aie des instincts de pilleur de tombes, mais je pressens que mon souci de demain va être : de quoi vais-je vivre, dans ce monde où il n'y a plus rien, ni végétation, ni animal ? Car si je n'ai aucune idée de l'étendue des dégâts, je suis déjà convaincu qu'il y aura au moins quelques centaines de kilomètres à parcourir avant de retrouver la vie. Et je crains même que la Terre entière ne soit calcinée.

Que faire ? Rentrer à la maison, y découvrir, inévitablement, ma famille grillée ? Vision horrible que je chasse de mon esprit. «L'imagination est un poison» ai-je lu quelque-part. Je chasse les images atroces qui s'imposent à moi. Dois-je rentrer à Lagos ? Aurai-je la force de rentrer à Lagos ? Choix difficile, mais un certain sens du devoir l'emporte. Je leur dois ça. J'essaye de faire le vide dans ma tête et de penser matériel. Uniquement matériel. Je cherche des gourdes que je remplis à la source de la Blanche, je reprends péniblement mon sac sur le dos. Qu'il est lourd ! Plus de quinze kilos, j'en suis sûr ! Le foie gras en bocaux de verre pèse une tonne. Mais je ne peux rien laisser. Je veux continuer, vivre, me battre, transmettre la vie. Si je ne me trompe pas, si mes «tremblements de terre» étaient des projections solaires, les survivants seront rares. Je porte sur mes petites épaules une partie des chances de survie de l'espèce humaine.

 Deux heures. C'est le temps qu'il faut pour aller de Saint-Pé à Igon, à pieds. Il m'en faudra beaucoup plus. Car je détaille le paysage cherchant en vain un signe de vie, un espoir auquel me raccrocher. Les montagnes, encore enneigées mardi matin, sont noires, elles aussi. Les cadavres jonchent les rues, les voitures calcinées sont le plus souvent sorties de la route et contiennent leur lot de vies perdues. Le gave est très haut, probablement à cause de cette fonte des neiges anormale.

La neige a fondu, les herbes ont brûlé. Y a-t-il des survivants ? la Terre a-t-elle été brûlée en une seule fois, ce qui signifierait que toute une face a survécu, ou en plusieurs fois ? Combien d'humains spéléologues, plongeurs, mineurs de fond, ont survécu à la catastrophe ?

 J'arrive à la maison peu avant la tombée de la nuit. La voiture familiale n'est pas là. Lætitia est sans doute partie faire quelques courses, avec les enfants. Leurs corps reposent ailleurs. Cela me rassure un peu. Je suis venu, j'ai fait mon devoir, mais je ne trouve pas dans la maison les traces qui m'auraient achevé. Je n'aurai pas à m'assurer de leur sépulture.

 Des amis, des voisins, gisent au sol, cuits. J'évite de les regarder. Vision horrible qui me poursuivra sans doute longtemps. J'ai reconnu Philippe, qui était devenu mon meilleur ami dans le village. Son corps recroquevillé semblait vouloir protéger quelque-chose. Je ne m'en suis pas approché, je l'ai évité en tremblant. Chaque silhouette grillée m'est plus ou moins connue. C'est horrible. Je vais devoir vivre dans cet environnement atroce. Mais je n'en parlerai plus dans ce journal. Je ne veux parler que de la vie dont j'espère qu'elle va reprendre. Je ne me sens pas la force d'enterrer les cinq-cents habitants de Lagos. Plus tard peut-être.

 L'Eglise m'appelle. Dans ce néant complet, dans ce monde sans vie, j'ai besoin d'y croire. Dans la nef, comme partout, tout est calciné. Mais dans le chœur, sous la voûte de pierre, la suie a laissé quelques dorures. La Croix est toujours là, le Christ noirci par la suie a bizarrement gardé un visage presque propre. Debout au pied de la Croix, je lui parle à voix basse, je lui demande conseil. Un neuro-psychiatre aurait sûrement une explication à ce que je vis à l'instant présent. Je me sens enveloppé, aimé, envoyé... Comme s'il me répondait : «Va, j'ai besoin de toi».

 C'était il y a quelques heures, le temps de trouver, dans la cave, un bloc note non calciné, un crayon en état de marche, moins usé que celui que j'utilisais dans la grotte. Le vin m'a toujours paru une bonne chose. Ma cave a sauvé, outre une «substance psychotrope à caractère euphorisant» bien nécessaire dans ma situation, le crayon et le bloc-note presque neuf de mon «journal de cave». Je prends le temps de rédiger ces premières pages, juste en dessous de ma dernière entrée de vin : un Pomerol 2016 -année exceptionnelle- à boire à partir de 2021.

Dans la maison, l'étage est noir et couvert de suies. Les murs du rez-de-chaussée sont noircis, mais gardent une trace de leur couleur d'origine.

J'ai de l'eau au robinet. Miracle du gravitaire ! En revanche, plus d'électricité, les tuyauteries de gaz ont fondu et la bouteille s'est vidée, les flammes ont léché le mur extérieur . Ce mur a totalement changé de couleur à l'aplomb de mon petit abri gaz extérieur. Dans l'atelier, quelques outils aux manches calcinés. Je m'organise. J'installe un petit coin pour la nuit dans la chambre la moins abîmée, un coin de vie côté sud, pour profiter du chauffage solaire.

 2 SURVIVRE

 

9 février

 

Vivre, à quoi bon ? Je suis seul, tous mes amis, mes enfants, mon épouse, reposent, grillés, quelque part par là. Même dans les caves, les dégâts sont énormes. Ici, pas de puits de mine, pas de bassin de plongée. Seul un improbable spéléo a pu survivre, comme moi, au désastre. Je n'y crois guère, intellectuellement parlant. Mais au fond de moi, je souhaite que la vie se perpétue. Pour cela, je DOIS trouver d'autres survivants, s'il y en a. Et il faut qu'il y en ait.

Je prends mon échelle, je monte sur mon toit, et, de la main, j'écris, en chassant la cendre posée sur les ardoises : «VIVANT». Par dix fois, je glisse et ne me raccroche que par miracle aux crochets qui retiennent les ardoises. Je sens que les solives, sous les ardoises, craquent. Heureusement que je suis léger, il ne doit plus rester beaucoup de fibres dans cette charpente calcinée.

Quand j'ai fini, je suis exténué. Sur l'autre pan du toit, je me contente de dessiner une belle croix, symbole de la souffrance du Rédempteur. 

Bizarrement, je garde la foi, et si je prie pour tous ceux qui ont disparu hier, je n'éprouve aucune colère contre Dieu. Le monde est ce qu'il est. Dieu n'est pas plus responsable des éruptions solaires que des inondations. Saurais-je décrire ce Dieu de ma Foi ? Je l'imagine totalement donné, réduit à l'impuissance par son amour. Un Père. Mon Père terrestre a su me mettre sur les rails puis prendre du recul, pour que dès dix-sept ans je me sente capable de vivre en autonomie, et que dès vingt-et-un ans je n'aie plus besoin de lui. J'aurais aimé être, à mon tour, un éducateur qui lance ses enfants sur leurs chemins et sache leur laisser toute liberté, après leur avoir donné tout son possible. C'est fini, irrémédiablement fini. 

J'imagine que mon Père du ciel aussi nous a tout laissé, qu'il s'est totalement confié à nous, qu'il s'est totalement donné en nous. Sa puissance, il nous en a fait cadeau. Nous en avons souvent fait bon usage, même si des esprits chagrins préfèrent parler de pollution et de bombes atomiques que d'éducation, d'Amour, d’hôpitaux, de moyens de communication, de moyens de manger à notre faim malgré les aléas climatiques.... Bref, tout ça, c'est fini, mais je n'en veux pas à ce Dieu Amour dont j'attends seulement qu'il me donne la force de continuer.

Amen.

 

15 février

 J'ai pris des libertés avec la discipline que je voulais m'imposer. Bien évidemment, mon moral reste au plus bas. Le plus souvent, je me couche dès la tombée de la nuit. 

Chaque jour, j'observe minutieusement le sol. Pour l'instant, pas la moindre trace de démarrage de végétation. Nous sommes en février, mais il fait tellement doux que tout me paraît possible. Espoir vain, car tout semble cuit, y compris les graines les plus profondes.

 J'essaye de me fabriquer des manches d'outils en grattant de gros rondins calcinés, qui ont gardé en leur cœur un peu de fibres résistantes. Pour cela, je ne suis armé que d'une lame de couteau sans manche et de patience. Quand j'aurai une pioche et une pelle utilisables, je commencerai à enterrer mes voisins les plus proches, histoire d'avoir une vue un peu moins déprimante.

 Autre activité quotidienne qui structure ma vie bizarre : je m’astreins à visiter chaque jour une maison voisine. A chaque fois, les mêmes traces macabres, des amis carbonisés que je reconnais à peine, surtout parce que j'évite de les regarder. Mais aussi quelques boîtes de conserve qui me permettront de survivre quelques temps encore. Ici, nous sommes dans le Béarn et c'est une chance. Je trouve surtout des boîtes de confits «faits maison». Chez «Juju» j'ai même trouvé un gâteau cuit à point. Ici, la catastrophe a mis fin à la cuisson juste au bon moment, et le gâteau n'a pas trop séché, il est délicieux. Merci Juliette, ma très vieille amie, qui fais aujourd'hui corps avec ton jardin calciné. Je ne sais pas à quel neveu était destiné ce gâteau, mais sache que ton travail ne sera pas perdu. Réjouis toi : c'est un ami sincère qui va en déguster le fruit.

En fait, mes réserves sont chaque jour plus abondantes : j'en ramène plus que je n'en consomme. Ce n'est pas toujours bon, c'est souvent trop cuit dès l'ouverture de la boîte, mais c'est mangeable. Les vitamines vont probablement me manquer rapidement. On verra bien.

 16 février

 Je suis allé jusqu'au supermarché de Coarraze. Je me disais que, s'il y avait des survivants, ils iraient probablement chercher du ravitaillement là-bas. Mais rien. Pas une trace. Dans un caddie, je charge un maximum de boissons, parmi les rares bouteilles qui ont survécu, dans les réserves, au cœur des «palettes». Je ne sais pas comment fonctionne mon alimentation en eau, je ne suis pas certain de l'avoir au robinet pendant longtemps. Et surtout, j'ai trouvé une dizaine de bouteilles de jus d'orange «100 % pur fruit». Quelques vitamines qui me feront du bien. Quelques bouteilles de bon Whisky ont échappé au désastre : elles n'échappent pas à ma faiblesse pour les bonnes choses. Je ramène aussi différents objets qui me permettront de fabriquer des manches pour les outils (tout le bois en est calciné) et toutes sortes de bricolages. Le caddie aux roues fondues roule mal, et j'arrive à la maison exténué.

 

Je repense aux grottes de Bétharram. Là-bas, il y avait peut-être des touristes ; là-bas, il y a des machines sous terre, à l'abri du flux destructeur. Je me promets d'y aller dès demain.

 

J'observe souvent le Soleil. Sa colère est elle terminée ? Va-t-il donner une dernière bouffée pour éliminer ce qui reste de la vie terrestre ? Pour l'instant, il semble revenu à la normale. Ou presque. Je vois parfois des éclairs lumineux traverser le ciel. Ils semblent venir du Soleil. J'en ai vu presque chaque jour, au début, maintenant, ils se font rares. Ce soir, au moment où j'écris ces lignes, nous avons une superbe aurore boréale. Phénomène rarissime sous nos latitudes, car visible uniquement s'il a lieu dans les minutes qui suivent le coucher du Soleil.

 17 février

 Je suis allé jusqu'à Bétharram, mais il n'y a aucune trace de vie autour de la ville, aucune trace de passage. Je me rends compte que je ne savais même pas comment aller aux grottes. Quand enfin je trouve le panneau, à peine lisible, il est bien tard, je suis trop fatigué. Je renonce pour aujourd'hui. Retour à la maison.

 9 avril

Pourquoi rester ? depuis maintenant deux mois, je n'avais plus rien à noter, plus le courage de bouger. J'attendais sans y croire un éventuel retour de Lætitia ou d'un autre Lagosien. 

Je mange et ma seule activité se limite à enterrer les morts et à chercher de la nourriture. Je n'ai pas vu trace de vie, animale ni humaine en dehors d'un bourdon qui cherchait désespérément des fleurs. Il a longuement marché sur mon compost calciné avant de repartir vivre sa vie. Le printemps arrive, mais, pour l'instant, aucun brin d'herbe ne pointe son nez. Le ciel est désespérément vide : ni avion, ni oiseau. Parfois, je vois passer la Station orbitale, l'ISS. Eux aussi doivent être carbonisés dans leur boîte à sardine spatiale.

J'ai survécu, donc je ne suis probablement pas le seul. S'il y a d'autres survivants, il faut qu'on se retrouve. Rester à Lagos ne sert plus à rien. Alors je vais tracer une route. Suivre un itinéraire, en écrivant, dans chaque maison où je m'arrêterai, quelques mots pour dire quel jour je suis passé, d'où je viens et où je vais. Pour augmenter mes chances de rencontre.

Programme : Suivre les Pyrénées jusqu'à la Méditerranée. Survivre au bord de la mer me semble plus simple : certains animaux marins partagent leur vie entre la surface et les grandes profondeurs. Eux auront échappé à la catastrophe, la pêche devrait être nourricière. Il doit y avoir des vitamines dans les algues. Entre-temps, j'ai appris à allumer un feu avec du bois mort. Paradoxalement, il ne manque pas. Le bois vivant a été brûlé de l'extérieur, mais ce bois s'avère plutôt sain en profondeur.

Mon itinéraire sera simple : suivre la Méditerranée jusqu'aux abords de Marseille. De là, remonter le Rhône jusqu'à l'Ardèche. Là-bas, j'aviserai en fonction de ce que j'aurai trouvé. Pourquoi l'Ardèche ? Rien de raisonnable. C'est là que vivaient mes parents c'est là que sont nés mes grands-parents. C'est là que j'ai vécu mon enfance et mon adolescence. Ce n'est pas un but : cela doit être le nouveau point de départ pour la famille Rhodien, dont je suis probablement le seul survivant.

 A vue de nez, huit-cents kilomètres, une quarantaine de jours de marche. Symboliquement, ce chiffre me plaît. Quarante jours au désert, quarante ans dans le Sinaï... quarante jours pour me retrouver sur la terre de mes ancêtres.

Un sac à dos, quelques vêtements pour l'hiver, quelques outils, un sac de couchage. Je veux prendre le minimum, mais mon sac devient vite très lourd. Il doit bien faire dans les trente kilos, auxquels s'ajouteront demain des réserves de nourriture. J'ai beau reprendre mon inventaire, je ne vois pas grand chose à enlever. A la fin, il me reste encore probablement une vingtaine de kilo. Tant pis, j'essaierai de me faire les muscles. Sur le plat, ça ira, j'éviterai les reliefs.

 10 avril

La route entre Lagos et Bétharram reste angoissante. Mais la vie semble reprendre très lentement. Si dans les champs, il n'y a toujours pas une trace de verdure, quelques rares arbres recommencent à faire de fragiles bourgeons que je n'ose toucher. Le long du Gave de Pau, des petites tâches vertes très près du bord de l'eau indiquent que des graines ont survécu et transmis leur vie. Enfin des choses positives ! 

En début d'après-midi, je sors de Bétharram. Depuis la route en pente, j'embrasse du regard toute la zone de l'Eglise, du Lycée, du pont. Et là, une surprise qui me tétanise quelques secondes : deux silhouettes humaines marchent sur le pont, en suivant la même direction que moi, vers Saint-Pé de Bigorre. Je suis dans leur dos, ils ne peuvent pas me voir. Nous sommes encore loin, le roulement du Gave est fort, ils ne pourront pas m'entendre même si je crie à m'en péter les cordes vocales. Je n'ai qu'une seule envie, les rencontrer, mais j'ai la trouille. Dans les films et dans les bandes dessinées qui parlaient d'une après-catastrophe, les auteurs présentaient toujours un monde d'humains devenus sauvages et agressifs. J'ai toujours trouvé ça stupide, aujourd'hui plus encore, mais instinctivement, j'ai peur de ces deux inconnus. J'ai peur mais comme je l'ai dit, rarement la peur ne me fait reculer. Alors je cours, malgré ma trouille, malgré mon sac qui me tasse les vertèbres. Je cours comme un dératé, je cours à leur poursuite. Je ne sais pas, entre la peur, l'émotion, la fatigue, ce qui me fait battre le cœur, mais celui-ci cogne violemment, tellement violemment que je l'entends autant que je le sens, dans ma poitrine, dans mon cou, dans mes bras, et ses pulsations font naître des douleurs atroces. Mais je cours encore, j'essaye vainement d'accélérer. Je me sens lent comme une limace. Non, comme une tortue alourdie par sa carapace. Je voudrais déjà être là-bas. 

 Je les rejoins peu après le pont. Le bruit du gave est infernal. Je les appelle, mais ils ne m'entendent pas et ne se retournent pas. Ils ont pris le petit escalier qui mène à la route de la rive gauche. C'est une petite route très étroite où, avec ma «4L», j'étais souvent obligé de m'arrêter quand je croisais d'autres voitures. Une route bucolique, avant tout ça. Enfin j'arrive à leur niveau, les dépasse et me tourne vers eux. 

 Deux mecs, très jeunes. J'essaye de reprendre mon souffle, et d'un air faussement détaché je plaisante d'emblée. «Pardon messieurs, vous n'auriez pas des allumettes, pour faire une grillade ?»

 Celui qui semble le plus jeune me réponds : «des grillades, vous en avez plein dans les maisons alentours ; nous on en a marre, on préférerait manger de la viande fraîche.» Il a un visage lisse et angélique, mais quand il a parlé de chair fraîche, il a ouvert grand les yeux en me détaillant de la tête aux pieds, sans rien oublier, et j'éclate de rire, suivi par mon cannibale, tout heureux que j'aie apprécié sa plaisanterie. Son humour me plaît.

 

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17 juillet 2013

Conférence le 15 septembre 2013 à Serrières

Bonjour

 

Je vous invite à Serrières, petite patrie de Gustave Toursier.

 

Mais n'attendez pas la conférence ! Le Musée des Mariniers vaut le détour. Nous lavions visité en compagnie d'Ingrind P, il y a quelques années, et j'y avais appris beaucoup de choses sur la vie des mariniers, sur l'histoire du Rhône et de ses habitants.

Le musée a été rénové depuis, et, pour ma part, je suis impatient de le voir dans sa nouvelle livrée.

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18 mai 2012

Nouveau projet

Il existe un platre de Léopold Renard, destiné à la coulée d'un bas relief en bronze représentant Gustave Toursier :

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Il me semble particulièrement opportun de faire réaliser ce bas relief en bronze. Je souhaiterais apposer cette plaque (si possible en deux exemplaires) à l'entrée du "Pont Gustave Toursier", à Tain et à Tournon.Il n'y a qu'à....

- trouver le financement,

- obtenir l'autorisation du Conseil Général de l'Ardèche, propriétaire du Pont (question transmise par le président aux services techniques du département)

- obtenir l'autorisation du Conseil général de la Drôme, propriétaire de la culée est du pont (Accord de principe obtenu)

- obtenir l'autorisation de la Municipalité de Tain l'Hermitage, sur le territoire de laquelle l'une des deux plaques serait posée.

J'ai déjà obtenu l'accord de principe de la Mairie de Tournon, et du Château Musée.

Il reste encore à obtenir l'accord des ayant droit du sculpteur Léopold Renard. On y travaille, la plus grande difficulté étant, justement, de retrouver ces ayants droits. Il y avait un Jean-Léoplod Renard à Marseille, décédé en juin 2016. Il y a plusieurs dizaines de "Renard" à Lyon, je me vois mal leur téléphoner à tous pour leur demander s'ils sont de la descendance de Léopold ou Auguste. C'est pourquoi je me permets ce petit post, comme une bouteille à la mer, espérant qu'il tombe dans de bonnes mains bien informées et bien intentionnées. Si vous êtes de la famille, même lointaine, de Léopold Renard, si vous connaissez quelqu'un de la famille de Léopold Renard, vous pouvez, bien sûr, me laisser un message ici

Retrouvez cette vie exceptionnelle dans la biographie de Gustave Toursier, aux éditions Lacour-Ollé.

ISBN : 978-2-7504-2724-5

 

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4 mai 2012

Conférence du 19 avril (Suite et fin)

Nous avons filmé le début de la conférence : à voir à l'adresse :

http://youtu.be/vXtNOKJTPL4

Malheureusement, il  manque le plus intéressant : la restauration du Château, la création du Musée Rhodanien., l'œuvre de l'Union générale des Rhodaniens.

Problème technique....

Retrouvez cette vie exceptionnelle dans la biographie de Gustave Toursier, aux éditions Lacour-Ollé.

ISBN : 978-2-7504-2724-5

 

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16 avril 2012

Conférence à Tournon, le 19 avril 2012

Le 19 avril 2012, à 20h30, je présente une conférence sur Gurstave Toursier, Salle Georges Brassens, place Rampon, 07300 Tournon.

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Venez nombreux honorer la mémoire du Grand Homme méconnu.

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Retrouvez la vie exceptionnelle dans la biographie de Gustave Toursier, aux éditions Lacour-Ollé.

ISBN : 978-2-7504-2724-5

 

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7 avril 2012

Vernissage de l'exposition au Château de Tournon

C'est parti ! L'expo préparée avec compétence et dévouement par l'équipe des "Amis du Château" est très sympa. Elle replace en quelques panneaux bien choisis la vie de Gustave Toursier dans son contexte rhodanien, et prolonge la présentation sur le Rhône d'aujourd'hui.

 

Il faut y aller !

 

Retrouvez cette vie exceptionnelle dans la biographie de Gustave Toursier, aux éditions Lacour-Ollé.

ISBN : 978-2-7504-2724-5

 

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25 mars 2012

Salon Festilivre à UGINE

J'y étais.

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Bilan : d'un point de vue strictement commercial, c'est nul. Trois livres vendus, ça paye tout juste le carburant et le coût du repas sur place.

Du point de vue humain, excellent. Beaucoup de bonnes rencontres, il y a aujourd'hui une bonne dizaine de personnes qui ont été imprésionnées et touchées par la vie et l'œuvre de Gustave Toursier : c'était mon but, je n'ai pas perdu mon temps.

 

Par ailleurs, j'ai fait la connaissance de GYPS et DAHMANI, deux auteurs de bandes de dessinées algériens, sympathiques et profonds. Je vous les recommande : c'est marrant, c'est très instructif sur la culture des Algériens et sur leur vision de la France.

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 Merci à eux !

 

Retrouvez la vie exceptionnelle  de Monsieur Toursier dans la biographie de Gustave Toursier, aux éditions Lacour-Ollé.

ISBN : 978-2-7504-2724-5

 

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16 février 2012

Monsieur Tousier, éditeur de cartes postales

Un nouvel album : Gurstave Toursier, éditeur de cartes postales. Non seulement il a publié ses cartes, mais il a aussi beaucoup photographié pour d'autres éditeurs (Jacquelin, Argod-Carros...)

voir à l'adresse :

http://gustavetoursier.canalblog.com/albums/toursier__editeur_de_cartes_postales/index.html

 

Retrouvez tous ces lieux et personnages dans la biographie de Gustave Toursier, aux éditions Lacour-Ollé.

ISBN : 978-2-7504-2724-5

 

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29 janvier 2012

Portraits du Rhône

Quelques images glanées dans le cadre de l'écriture de la biographie de Monsieur Toursier

 

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Le Rhône à Serrières (1er plan) et Sablons (rive gauche), vu depuis la tombe de Monsieur Toursier.

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Le Buste de Gustave Toursier

(Musée Du Rhône, Tournon)

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Statue de Marc Seguin (Quai Farconnet, Tournon)

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Les deux ponts de Tournon. Au premier plan,

le pont Marc Seguin, en Arrière plan, le Pont

Gustave Toursier.

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La tombe de la famille Toursier, à Serrières

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Berges du Rhône à Serrières  

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Piquet de Trail (Tain l'Hermitage)

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Piquet de trail (Tain l'Hermitage)

En arrière-plan, le Chateau de Tournon

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La médaille d'Argent de l'UGR,      

qui n'a pas été remise à Gustave Toursier

lors du congrès de Valence en 1931   

"l'argent semblait mesquin"      

Mais l'Or, voté en réunion de Bureau,

ne lui sera jamais décerné.      

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Gustave Toursier et Jean Roche

sur la terrasse du Chateau de Tournon

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Le Musée du Rhône, installé dans la chapelle

du Chateau de Tournon (vers 1931)

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Aménagement du Rhône

Fin 19ème, début 20 ème siècle, on eût l'idée de construire des épis rocheux au bord du Rhône. Grace à de tels épis, le courant devenait plus rapide dans le chenal, évitant ainsi son colmatage. Cette photo ne représente pas réellement un épi dédié à cette fonction. Cependant en aval de Serrières, sur les photos anciennes, on voit nettement 4 ou 5 épis du même modèle, mais incliné vers l'aval. Ccelui-là, incliné vers l'amont, est probablement celui qui ferme la zone dédiée aux joutes, côté aval.canalisation).

 

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Le Château de Murat, à Sablons, qui fut propriété des comtes de Roussilon, puis des Seigneurs de Murat, puis des Marquis de Murat de Lestant, devenus ultérieurement Lens-Lestang de Murat de Sablons

 

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M. Toursier éditait des cartes postales "animées". Sur chacune d'elle, apparaissait un femme, généralement non reconnaissable. Sur une carte postale prise à La Chapelle en Vercors, il y a deux femmes, assez bien reonnaissable. En partant de l'hypothèse que cette femme était toujours la même, Rosanne Guillet, et en examinant attentivement toutes les cartes que j'ai pu trouver, je suis arrivé à la conclusion que la dame de droite est probablement Rosanne Guillet.

 

Retrouvez tous ces lieux et personnages dans la biographie de Gustave Toursier, aux éditions Lacour-Ollé.

ISBN : 978-2-7504-2724-5

 

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2 janvier 2012

Portraits de Rhodaniens actifs dans l'Union Générale des Rhodaniens

A tout seigneur tout honneur, je commence par Gustave Toursier, fondateur de l'Union Générale des Rhodaniens, créateur de la Foire aux Vins de Tain-Tournon, créateur de Douce-Plage...

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Maintenant, les Présidents successifs de l'Union Générale des Rhodaniens :

Le Docteur CALVET

Président de l'UGR entre sa première assemblée constitutive (décembre 1926)

et sa deuxième assemblé constitutive (première assemblée générale 8 mai 1927)

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Dr Calvet

 

Le Docteur Carle, médecin à Valence,

1er Président élu de l'Union Générale des Rhodaniens

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Le Dr Carle

 

M. Paul CUMINAL, Directeur de l'Ecole pratique de Lyon,

2ème Président de l'Union Générale des Rhodaniens

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Paul Cuminal

 

l'Avocat Genevois Marcel GUINAND

3ème Président de l'Union Générale des Rhodaniens

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Marcel Guinand

Et tan d'autres...

Retrouvez tous ces personnages dans la biographie de Gustave Toursier, aux éditions Lacour-Ollé.

ISBN : 978-2-7504-2724-5

  

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26 décembre 2011

Inauguration du Musée du Rhône et des Pays Rhodaniens

Extrait de la biographie de Gustave Toursier, aux éditios Lacour-Ollé

 

MAI 1928 : INAUGURATION DU MUSÉE DU RHÔNE

Revenons à 1926. Nous avons vu que Monsieur Toursier voyait dans la disponibilité du Château de Tournon, récemment déchargé de sa fonction de prison, l'occasion rêvée de créer un point de ralliement pour tous les Rhodaniens : le Musée du Rhône et des Pays rhodaniens.

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Le Château de Tournon

où sera installé le Musée

«Il prenait spécialement conseil auprès de Madame Fournier-Terrassier, à Tain, femme ingénieur et pourrait-on dire sans se tromper, qui avait un jugement magnifique.»

Madame Fournier-Terrassier était une femme cultivée, active, dans un monde où l'idée même du féminisme n'avait pas encore émergé. Elle était veuve. De mémoire familiale, son époux aurait été le patron de LA briqueterie, l'usine qui, entre voie ferrée et route de Romans, représentait alors le dynamisme industriel, et à laquelle on pardonnait bien volontiers les noires et salissantes fumées, tant elle participait à la prospérité de la ville. Cette usine fonctionne encore aujourd'hui sous le nom «Le Paniol®». La grande cheminée qui salissait les draps a heureusement disparu, la réputation de qualité des produit a perduré.
En réalité, c'est Madame Terrassier qui était la patronne, héritière de la famille qui, au XIXème siècle, avait créé cette usine spécialisée dans les produits réfractaires. Elle s'était marié avec Joseph Fournier, au début du siècle, et avait alors changé le nom de l'entreprise Terrassier en Fournier-Terrassier.
Monsieur Toursier avait une grande estime pour elle. Sans nul doute, la veuve lui rappelait Rosane, cet amour perdu, cette femme admirable qui, à ses côtés, avait su amener sa pierre aux Guides Pol.
Il est certain que Gustave Toursier en était amoureux, mais que, fidèle à Rosane, il n'aurait jamais fait le premier pas vers madame Fournier-Terrassier. Son ami Auguste Meffre l'y poussait pourtant, en termes parfois très crus. Homme du monde, et de fait plutôt à l'aise dans ce rôle d'amoureux transi, Monsieur Toursier se confiait à elle, et s'il ne parlait pas d'Amour, il lui parlait de ses projets, de ses rêves. «Et c'est dans une conversation qu'il eut avec elle que fut élaboré le projet du Musée.
Gustave Toursier la priait de s'en considérer comme l'auteur ; hommage fort naturel : ne lui resterait-il pas l'honneur de le créer ?» Mais aussi un cadeau discret de la part d'un amoureux plein de délicatesse.

«Faisant marcher de front les projets qu'il nourrissait pour en doter la future association Rhodanienne, il fit une visite à Monsieur Camille Arnaud, Maire de Tournon, qu'il n'eut aucune peine à convertir à l'idée (de) créer, au château de Tournon, propriété de la Ville, la vaste institution dont il rêvait : le Musée.

Donc, par surcroît à la préparation des manifestations de Lyon, Gustave Toursier mène de front son idée du Musée Rhodanien, à créer au château de Tournon. Il pense que ce musée doit devenir une institution Rhodanienne de tout premier ordre»

Il contacte Gabriel Faure, alors inspecteur général des beaux arts, qui, sceptique ou agacé, lui répond en décembre 1926, «L'idée du Musée est excellente, celle du Restaurant aussi. Mais je doute que vous trouviez les concours nécessaires. Songez que je n'ai pas pu faire enlever la baraque de l'octroi, devenue inutile, qui dépare complètement l'ensemble du château. Bon courage en tout cas. Si quelqu'un doit réussir ce n'est que vous».

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Monsieur Toursier n'est pas découragé par le pessimisme de Gabriel Faure.
«Pour faire restaurer le château, selon son idée, et en accord avec le Maire de Tournon, Monsieur Camille Arnaud, il entreprend des démarches auprès du Gouvernement, pour obtenir de lui qu'il fit, à ses frais, la restauration complète du Château : car il sera tout entier nécessaire pour assurer la possibilité de réaliser ce grand projet du Musée Rhodanien.» Il écrit à ses amis, à son député, au ministre de l'instruction publique et des beaux arts, à divers hommes politiques originaires de la Vallée du Rhône... «Il s'adresse à des parlementaires Rhodaniens, leur faisant part de la création de ce Musée et de la nécessité de restaurer le Château.

Monsieur Léon Perrier, (Tournonais), Ministre des Colonies, lui répond, le 17 juin 1927 : «Je reçois votre lettre. Je ferai tout mon possible pour aider à réaliser votre projet concernant la restauration du Château de Tournon». Gustave Toursier écrit à Monsieur Isidore Cuminal, Sénateur, Vice-président du Sénat, mais aussi compatriote et ami de jeunesse, de Serrières-sur-Rhône :
«Tu te dois, toi plus que quiconque, toi Serrierois et petit fils du grand Maître d'équipage du Rhône de l'époque héroïque de la Navigation, de m'aider à obtenir de l'Etat, la restauration complète du Château de Tournon, où nous créons le Musée du Rhône et des pays Rhodaniens et sa bibliothèque».

«Isidore Cuminal lui répond le 24 juin 1927 :
«Entièrement d'accord avec toi pour tout ce qui concerne le projet de classement et de restauration du Château de Tournon. Je vais en parler au ministre, en le priant de me compter an nombre de tous ceux qui désirent pour le Musée des Pays Rhodaniens et la Bibliothèque Rhodanienne un cadre digne d'eux».

Et Monsieur Edouard Herriot, Ministre de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts, lui répond le 28 juin 1927 :
    «Vous avez bien voulu appeler mon attention sur la demande de classement complet et de restauration du Château de Tournon. J'ai l'honneur de vous faire connaître que votre intervention a été immédiatement signalée au service intéressé».

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Edouard Herriot

Et dès lors, Gustave Toursier commence à prospecter pour la création du Musée, en même temps qu'il mène son secrétariat général de l'UGR.
Ainsi, en 1927, il ne cesse de s'occuper de réaliser le Musée du Rhône et de l'Histoire des Pays Rhodaniens, pour lequel, depuis plusieurs mois déjà il fait un peu partout, en France et en Suisse, de la prospection, heureusement fructueuse.»
Créer un Musée, l'idée est séduisante mais où trouver les pièces à exposer ? La ville de Tournon dispose, depuis 1914, d'un fond de collection intéressant mais probablement insuffisant pour atteindre l'objectif fixé. Monsieur Toursier se démènera pour rassembler une collection digne de ce nom. Lui, le publiciste, l'éditeur de guides touristiques, sait ce qui fait venir le public. Cherchant à concilier l'attractivité de ce Musée et son caractère Rhodanien, il donne de ses bibelots personnels : en particulier une petite croix d'équipage bleue à laquelle son épouse disparue tenait beaucoup, et une huile d'Aimé Roux : «allégorie de la vigne». Il suscite des dons, et réussit à faire acquérir des pièces dignes du Musée du Rhône dont il rêve : maquettes des grands «vapeurs» qui ont parcouru le Rhône, tableaux, croix d'équipage, agrandissements photographiques de tous les lieux importants des pays Rhodaniens, du glacier de la Furka jusqu'à son delta, la Camargue, affiches publicitaires des grandes compagnies de navigation Rhodaniennes, documents historiques et techniques sur la vie et l'œuvre de Marc Seguin, éléments de la vie des Mariniers, documents sur la culture Rhodanienne, sur l'œuvre de Frédéric Mistral....

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Le Musée, bien à l'étroit dans la Chapelle du Château..

Le musée s'enrichira, dès l'année suivante, de quelques tableaux de maîtres, réalisés par les meilleurs lauréats du Salon Rhodanien des beaux arts et acquis par l'UGR.

Le 28 mars 1928, Monsieur Toursier provoque une réunion à la Mairie de Tournon, sous la présidence du Maire, Camille Arnaud. La décision dont il ne doutait guère, est prise officiellement : l'UGR créera son Musée, la Ville de Tournon mettra le Château à la disposition de ce musée. Dans un premier, temps, les collections seront exposées dans la chapelle du Château en attendant la restauration du Château. Un comité du Musée et de la bibliothèque est choisi, dont la composition est la suivante : Monsieur Camille Arnaud, Madame Fournier-Terrassier, Monsieur Toursier, Monsieur Hayo, secrétaire local, M. Scheffer, adjoint au Maire, M. André Gendre, M. Antoine Bozzini (élu tournonais), Messieurs Chaillot et Montagnon (architectes), Aimé Roux (artiste peintre), le Sénateur Serrièrois Isidore Cuminal, monsieur Paul Cuminal, de Sablons, Louis Edmond Favre, de Genève, le sculpteur Lyonnais Léopold Renard, monsieur d'Hotelans, directeur de la Compagnie Générale de Navigation, monsieur Vassi, de Vienne.


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L'accord se fait. Le Musée sera installé, comme on l'a dit, dans la chapelle du Château «assez vaste pour en faire un très digne début. Monsieur Toursier organise le Musée ; il a l'idée (propagande et parrainage) d'une grande cérémonie d'inauguration du Musée, qui serait renforcée par la remise du Drapeau des Pays Rhodaniens et de l'UGR, don de la Chambre de commerce de Lyon.»
La date de l'inauguration est arrêtée. «Gustave Toursier lance des invitations, à toutes les collectivités Rhodaniennes (villes, chambres de commerce et d'agriculture, Compagnies de chemin de Fer et de Navigation etc.) pour le 6 mai 1928.»

Après des mois de travail, le musée est effectivement inauguré le 6 mai 1928. On ne se contentera pas d'une cérémonie. En plus de l'inauguration, on lancera la cérémonie du Drapeau Rhodanien. Un Drapeau sera remis, à chaque fête du Rhône, à la nouvelle ville organisatrice par la ville précédente. Monsieur Toursier a donc passé commande auprès des soieries lyonnaise d'un drapeau dont il a proposé le symbolisme et la structure générale.

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«Vingt six collectivités officielles y sont représentées, dûment accréditées. Le Docteur Carle, président de l'UGR, préside les deux cérémonies.»
Dans l'esprit du Secrétaire général, il faut créer une nouvelle tradition susceptible de faire naître une émotion auprès des populations rhodaniennes. Alors, la ville de Tournon, première organisatrice, remettra le Drapeau à la ville de Lyon, et ainsi de suite tant que durera l'Amitié rhodanienne.
«La remise du Drapeau de l'UGR est faite par le Président de la Chambre de Commerce de Lyon, au Président de l'UGR, qui, pour la rétrospective, le remet au Maire de Tournon (au titre des fêtes de 1926) qui, à son tour, le remet aux deux adjoints du Maire de Lyon (pour celles de 1927), qui le remettront au Maire d'Avignon (où sont prévues les fêtes de 1928). Cérémonie émouvante, accompagnée de discours de circonstance de chacun des bénéficiaires, qui sont des serments de fidélité et de dévouement.

Et l'on inaugure ensuite le Musée, où chacun est surpris qu'en si peu de temps on ait pu ainsi le rendre si riche. Gustave Toursier avait préalablement demandé à son ami Berthet, relieur d'art, de lui confectionner le «Livre d'Or de l'UGR». Il y fit inscrire le Procès Verbal de l'inauguration du Musée. Tous les délégués mandatés le signèrent, officiellement, au nom de leur mandant.
Ce fut une véritable fête de l'Esprit et de la solidarité des Rhodaniens, qui se termina par un banquet de plus de cent cinquante convives, officiels et autres, qui eût lieu à Tain, au bord du Rhône même. On célébra l'Idée Rhodanienne, sans oublier Frédéric Mistral ni Marc Seguin.... ni le Rhône et tout ce qui est Rhodanien.»



Le seize mai 1928, la commission des sites et monuments du Touring Club de France visite le Musée et déclare «prendre aussi sous sa protection la restauration complète du château de Tournon»

«Le 17 août 1928, Gabriel Faure écrit à Gustave Toursier : «vous êtes une source intarissable d'idées. Je tiens à vous féliciter de tout cœur pour ce que vous avez réussi à réaliser avec des ressources restreintes.»
De son côté, Antoine Bozzini (celui qui avait écrit en 1925 : «si vous ne venez pas nous ne ferons rien») lui écrit : «J’apprécie les efforts que vous avez faits et les magnifiques résultats auxquels vous êtes arrivés et que tous les Tournonais applaudissent».

Suite dans la biographie de Gustave Toursier, aux éditions Lacour-Ollé.

ISBN : 978-2-7504-2724-5

 

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26 novembre 2011

Editions Lacour-Ollé

Merci aux éditions Lacour-Ollé pour leur pub du jour :

http://www.editions-lacour.com/gustave.toursier.par.michel.plantier-35-17.php?PHPSESSID=6c2e95f36ac2304fe0de5b16cc2bcb4a

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Christian Lacour, Directeur des éditions Lacour-Ollé

 

Gustave Toursier et l'Union Générale des Rhodaniens

Edition Lacour-Ollé

ISBN 978-2-7504-2724-5

 

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19 novembre 2011

Conférence à Tournon, le 19 avril 2012

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Terrasse sud du Château de Tournon

G Toursier et J Roche

Sauf fin du monde toujours possible, je ferai une petite conférence sur Gustave Toursier, au Château-Musée de Tournon, le jeudi 19 avril 2012.

 

Gustave Toursier et l'Union Générale des Rhodaniens

Editions Lacour-Ollé.

ISBN : 978-2-7504-2724-5

 

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6 novembre 2011

Alliance des Rhodaniens

Merci à l'alliance des Rhodaniens (http://www.alliance-des-rhodaniens.com/) pour cet article sympa, où l'on voit clairement que le rédacteur a lu la biographie d'un bout à l'autre !

1ère page du Bulletin :

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L'article :

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Gustave Toursier et l'Union Générale des Rhodaniens

Editions Lacour-Ollé.

ISBN : 978-2-7504-2724-5

 

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20 août 2011

La biographie est parue !

La biographie de Gustave Toursier est au catalogue des éditions Lacour-Ollé !

Merci à M. Christian Lacour-Ollé, pour avoir pris ce risque avec moi,

Merci à M. Jean Marc Courbet, "lou Baile" du Félibrige, pour ses chaleureux encouragements.

Gustave Toursier et l'Union Générale des Rhodaniens

Edition Lacour-Ollé

ISBN 978-2-7504-2724-5

 

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31 juillet 2011

Biographie de Gustave Toursier : A l'origine, une vieille famille...

À L'ORIGINE, UNE VIEILLE FAMILLE RHODANIENNE

 

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La remonte

Musée Rhodanien, Tournon

 

Assez vraisemblablement, la famille Toursier était une famille de mariniers. Gustave y fait parfois allusion, et son attachement à Serrières est lié à cette histoire. Par exemple, dans son ébauche d'histoire de l'UGR, il dit, en parlant de lui, qu'il est «né au bord du Rhône dans une puissante ambiance de la navigation».
Traditionnellement, les villes en aval de Lyon étaient fortement tournées vers le fleuve, et Condrieux ou Serrières ont gardé des traces de cet attachement (croix d'équipage...). Dès 1909, Serrières avait son Musée des Mariniers du Rhône, transféré en 1939 dans l'ancienne église Saint-Sornin. Les mariniers étaient des gens fiers de leur appartenance à ce monde de Seigneurs qu'était la batellerie sur le Rhône, et que Bernard Clavel a si bien décrite dans son «Seigneur du fleuve» (ed Robert Laffont).
Un équipage comportait des marins capables de diriger une péniche, à la descente du Rhône (la «Décize»). Ce n'était pas chose facile, n'en déplaise au capitaine Haddock : les marins d'eau douce étaient des hommes, des vrais. Manœuvrer à la harpie1 une péniche de plusieurs dizaines de tonnes dans les flots impétueux du Rhône, entre les bancs de sable, les rochers affleurant - comme la «table du roi» à Gervans - et les piles de pont, n'était pas un jeu d'enfant. Il fallait tout le savoir-faire du Maître d'équipage et la cohésion d'une équipe pour maintenir la péniche dans sa trajectoire, éviter l'échouage sur les hauts fonds ou la collision avec les obstacles. Obstacle majeur : les câbles de trail. Entre les deux rives du fleuve, un câble était tendu pour permettre l'accrochage du «trail», la barque des passeurs. Généralement, on passait ce câble au dessus du bateau à l'aide de la harpie. Il fallait faire vite car le bateau, entraîné par le courant, n'attendait pas, ne pouvait pas attendre. Les accidents étaient nombreux, et amenaient souvent à l'arrachement des piquets de trail.


Arrivées à Beaucaire, les péniches repartaient pour la «remonte». Un équipage comportait le plus souvent trois à cinq péniches. Tirées par un attelage pouvant compter jusqu'à quatre-vingt chevaux, elles remontaient le Rhône jusqu'à Lyon, parfois plus haut. L'équipage, outre ses capacités de marins, devait savoir gérer son cheptel de chevaux de trait, mais aussi éviter les nombreux objets charriés par le Rhône en période de crue : troncs d'arbre, madriers arrachés à des constructions humaines...
Pour certains passage difficiles, les trains de bateaux pouvaient être décalommés2 pour éviter que les chevaux ne fussent emportés avec les bateaux...
L'ère moderne, avec l'apparition des premiers vapeurs, a vu la taille des équipages se réduire significativement. cinq ou six hommes suffisaient à conduire le bateau, il n'y avait plus de chevaux à nourrir.... Le travail n'était pas simple pour autant. En charge, les bateaux avaient un fort déplacement, il fallait se méfier des hauts fonds, il fallait abaisser les grandes cheminées au passage des ponts, jouer avec le courant à la remonte pour compenser la faible puissance des lourds moteurs à vapeurs.


Les «vapeurs» eux-mêmes ont disparu progressivement à la fin du XIXème siècle, du fait de la perte progressive de navigabilité du Rhône, due au «colmatage». Monsieur Ponnet, ancien marinier, ancien maire de Chanaz, expliquait aux Journées pour l'aménagement du Rhône, en 1931, que les premiers aménagements du Rhône avaient eu pour conséquence une remontée du fond du fleuve, encombré par les boues charriées par le Rhône. C'est ce que les hydrologues appellent le colmatage. Mais l'histoire nous montre que le phénomène est très ancien, puisqu'il est à l'origine des Lônes, ces bras morts du Rhône. Il faut bien se rendre compte qu'en une section donnée, le Rhône charrie suivant les saisons, entre 300 kg et 2 tonnes de boues par seconde ! Ces boues se déposent là où le courant est plus faible, moins turbulent, donc en particulier.... dans le chenal prévu pour la navigation. Quand le fond est trop remonté, le Rhône finit par se tailler un nouvel itinéraire, pour peu que les hommes ne l'en empêchent pas.

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La remonte

Musée des Mariniers

Serrières

En résumé, la vapeur a tué les équipages traditionnels, le colmatage a tué la vapeur. Ainsi, la navigation sur le Rhône s'est étiolée au XIXème siècle, et elle avait quasiment disparu au début du XXème siècle. On ne s'étonnera donc pas que le père de Gustave, Félix Toursier, fils d'un Marinier, peut-être élevé dans l'esprit d'un chef d'entreprise ait très tôt imaginé une activité plus pérenne que celle de son père !

Suite dans la biographie de Gustave Toursier, aux éditions Lacour-Ollé.

ISBN : 978-2-7504-2724-5

 

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31 juillet 2011

Biographie de Gustave Toursier : Avant propos


AVANT PROPOS  (extrait de la biographie de Gustave Toursier)

Avant d’entrer dans la biographie de Gustave Toursier, il convient je pense, pour une meilleure compréhension du lecteur de préciser les liens qui l’unissaient à ma famille.



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Gustave Toursier avec la famille Dufaut

De gauche à droite : une amie de la famille, Gustave Toursier, Félicie Dufaut (fille ainée), Marie Dufaut (deuxième fille), le Père Dufaut("Féli") , Au premier rang : Roland Vert, fils de Félicienne, Léa (troisième sœur), Gisèle (fille de Léa),Camille et Alphonse Vert.

Depuis la fin des années 20 – peu avant la naissance de ma mère - Gustave Toursier était très ami avec l’époux de ma grand’tante Marie, Auguste Meffre, fondé de pouvoir de la maison Jaboulet, bien qu'il fût de dix-huit ans son aîné.

Toute son enfance et son adolescence, au cours des nombreuses vacances passées à Tain avec ses cousins et cousines chez la tante Marie, ma mère a été l’objet de l’affection, de la sollicitude de cet homme chaleureux souvent invité à partager les repas familiaux.
A cette époque les enfants ne parlaient pas à table et ma mère a fait sans le savoir son miel des propos entendus, des anecdotes racontées.
Elle écoutait aussi Léa, Marie, Cici, les trois sœurs, évoquer leurs souvenirs des Fêtes du Rhône en tournant les pages du gros album de photos. Elles admiraient la prestance de « Monsieur » Toursier, le « Père du Rhône » alors au faîte de sa gloire.

Ma mère se souvient encore des monologues qu’adolescente elle était seule à écouter, longtemps après que les convives aient quitté la table. Monsieur Toursier éprouvait le besoin d’exprimer sa déception, son amertume, sa rancœur, sa colère envers ceux qui, disait-il, l’avaient trahi, voulaient le dépouiller de son œuvre.


C’est sans doute la raison qui l’a déterminé à confier ses archives avec le Livre d’Or de l’Union Générale des Rhodaniens, à notre tante Marie, la veuve de son ami Auguste Meffre, elle qui a été sa confidente et l’a assisté, jusqu’à sa fin misérable. Elle les a remises à ma mère qui a bien voulu me les confier à son tour.

Suite dans la biographie de Gustave Toursier, aux éditions Lacour-Ollé.

ISBN : 978-2-7504-2724-5

 

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18 juillet 2011

Bientôt la biographie !

La biographie de Gustave Toursier est écrite. L'éditeur est trouvé, le contrat est signé. La sortie est prochaine, avant la fin de l'année

ISBN : 978-2-7504-2724-5

couverture

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Gustave Toursier : "cet homme de cœur qui a fait la besogne écrasante d'un homme de fer"
  • Ayant à ma disposition les archives personnelles de Gustave Toursier, créateur de l'Union Générale des Rhôdaniens, du Musée du Rhône, des Fêtes du Rhône, des Congrès Rhodaniens, je souhaite faire connaître ce grand personnage, intéressant et désintéressé.
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